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Shohei Ono, le « dernier samouraï » du judo japonais, en voyage initiatique en Europe

A 32 ans, quand on est un judoka japonais, double champion olympique, formé à la dure, et que l’on a consacré la quasi-totalité de son existence à cet art martial, il est légitime de bénéficier du repos du guerrier. Shohei Ono sera bien au Grand Slam de Paris, qui se déroule jusqu’au 4 février à l’Accor Arena, dans le 12e arrondissement de la capitale, mais en qualité de spectateur. Pour « services rendus à la nation », le médaillé d’or des Jeux olympiques (JO) de Tokyo, en 2021, et de Rio, en 2016, chez les − 73 kg, s’est vu octroyer par la Fédération nippone de judo une sorte de voyage initiatique de deux ans dans le Vieux Continent.
La chose n’est pas nouvelle. Shinji Hosokawa, champion olympique 1984 des − 60 kg avait déjà, entre autres, bénéficié de ce programme d’expatriation et s’était établi en France pour un an. « Cela permet aux judokas qui ont la tête dans le guidon pendant leur carrière de se former à l’étranger et d’apprendre une langue, explique Larbi Benboudaoud, vice-champion olympique en 2000 chez les − 66 kg, aujourd’hui directeur des relations sportives et institutionnelles à la Fédération française de judo, jujitsu, kendo et disciplines associées (FFJDA). Après, ils rentrent et deviennent entraîneur national ou travaillent pour l’université ou l’entreprise qui les sponsorise. »
Shohei Ono, qui figure parmi l’ultime génération de combattants passés par le défunt dojo de Kodogakusya – connu pour ses méthodes d’une rigueur implacables et parfois violentes – a posé ses valises il y a six mois à Edimbourg, en Ecosse. Pour la FFJDA, l’occasion était trop belle. Accompagné par son ancien coach, Shinji Hosokawa, et par Larbi Benboudaoud, le « dernier samouraï » a entamé une tournée hexagonale, à la rencontre des licenciés : Vitrolles (Bouches-du-Rhône), Lyon, Verquin (Pas-de-Calais), Paris…
Dès l’événement annoncé, les 800 places disponibles dans la salle de Verquin, au sud de Béthune, ont été prises d’assaut. « C’est une véritable chance d’avoir un champion de ce calibre, qui a pris sa retraite officielle il y a un an et demi », estime Lilian Barreyre, directeur technique régional de la ligue de judo des Hauts-de-France. « Pour les jeunes de notre territoire, c’est une icône, le “Lionel Messi du judo”. Avec Kosei Inoue [champion olympique 2000, en − 100 kg] et Toshihiko Koga [champion olympique en 1992, en − 71 kg], c’est à mon avis l’un des trois meilleurs techniciens de l’histoire », s’émerveille-t-il.
Le Monde a rencontré Shohei Ono, à Lille. Ses cheveux noirs sont désormais un peu plus longs et couvrent ses oreilles en chou-fleur. Avec son tee-shirt décontracté, il ressemble aujourd’hui plus à un étudiant tokyoïte qu’au judoka qui a martyrisé ses adversaires pendant près d’une décennie.
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